Plus d’emploi, plus de lien social, moins d’impact carbone, la fabrication française est souvent présentée comme une évidence pour l’avenir. Véritable modèle de société prenant le contre pied d’une mondialisation effréné elle est pourtant mise à mal par les crises successives. Le modèle semble abandonné et c’est dans ce contexte là que nous évoluons et que nous cherchons constamment à innover.
Sommes-nous en phase avec ce que nous sommes ? Où en est-on ?
Ça fait 1 an que l’on voit des moyennes et grosses entreprises fermées ou en difficultés : Velcorex, Emmanuel lang, Filatures et Tissages des Vosges etc… à notre échelle, nous avons vu de nombreuses marques, qui ont démarré en même temps que nous, jeter l’éponge ou faire des appels à l’aide sur les réseaux sociaux…
Le textile français est une goutte d’eau dans l’économie française. Voici quelques chiffres qui essayent de donner une vision globale de la filière de la fabrication textile en France :
- 100 000 emplois, c’est une goutte d’eau à l’échelle nationale
- 3% des textiles français sont made in France
La réalité est peut-être difficile à entendre mais à l’heure ou l’on devrait repenser nos moyens de produire et de consommer, on pense seulement à survivre. Et la question que l’on se pose chez Bhallot, sommes-nous vraiment en phase avec ce que nous sommes ? Pourquoi de gros groupes de fast-fashion sont toujours aussi gros ? Difficile de voir si peu de changement… Doit-on attendre une nouvelle crise pour changer les choses ?
L’équation impossible de la fabrication française textile
Comme dans beaucoup de secteurs, les crises successives viennent perturber une filière très fragile : crise inflationniste, coût de la fabrication manufacturière, coût des matières premières, coût de l’énergie, etc…
La fabrication française ça coûte.
Souvent le coût du fabriqué français est avancé pour ne pas aller plus loin.
C’est vrai, on se demande qui peut bien consommer français quand on voit le coût de la fabrication dans l’hexagone par rapport au reste du monde :
- 3 fois plus cher qu’au Portugal
- 5 fois plus cher qu’en Tunisie
- 7 fois plus cher qu’en Chine
- 9 fois plus cher qu’au Vietnam
Ainsi, fabriqué à l’étranger un sac que l’on vend d’habitude 225€ couterait respectivement plus que 140€, 125€, 96€ ou 85€ ! Des chiffres qui sont simplement dû à un taux horaire plus élevé. Mais
Les matières premières.
De notre côté, on ajoute à ça le coût des matières naturelles venant de dépasser des records historiques (comme le lin). Le lin a connu une envolée spectaculaire et ceci n’est pas seulement dû à une crise de l’énergie. La sécheresse a impacté les récoltes et donc fait baisser le rendement des parcelles sur 2 années consécutives. Ce problème est tellement sérieux que du lin sera planté en hiver par palier au manque d’hygrométrie de certaines régions du nord de la France..
Et enfin le problème d’économie d’échelle et/ou de quantité minimum. Il y a tellement peu de demande en France que peu de tisserands se risque à faire des stocks. Donc dès que vous voulez un tissu déviant un peu de la norme vous devez assumer l’achat de fil pour ce tissu ce qui vous oblige à acheter d’importante quantité de mètre linéaire de tissu. Que devrait-on dire si on faisait colorer les tissus ? Ce serait des kilomètres de tissus qu’il faudrait acheter. Vous prenez donc de gros risques financiers et en plus, cela affecte votre capacité d’innovation et/ou d’avoir une certaine flexibilité/agilité dans le développement de vos produits.
Une demande contrariée par l’inflation.
La filière semble prise d’assaut par l’inflation. D’un côté, nous n’avons plus de filière capable de produire correctement à un prix correct du fait qu’elle trouve peu de débouchés, et de l’autre une demande en baisse car l’offre est trop coûteuse… il semblerait que c’est un peu le serpent qui se mord la queue.
Alors pourquoi produire en France ?
« Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve »
Le combat semble perdu d’avance. Mais vous savez très bien qu’il y a des solutions, que ça nécessite des sacrifices pour produire et acheter français. C’est ensemble, producteurs et consommateurs que l’on pourra changer les choses pour défendre un modèle de société.
Parce que oui, c’est bien ça dont il s’agit, défendre un modèle où les rémunérations sont correctes, les conditions sont bonnes, où l’on fabrique moins mais mieux, rapprocher les producteurs des consommateurs et maîtriser son impact environnemental. C’est un pied de nez à cette mondialisation effréné. C’est un contre courant au modèle actuel de la fast-fashion !
Dans le contexte économique difficile actuel, il est impératif de soutenir les entreprises qui font le choix de fabriquer en France. Elles défendent une certaine vision du monde, un modèle social et 3,2 millions d’emplois en France qui sont autant d’histoires, de familles, de vies.
et comment on fait ?
Bien sûr que l’on doit tous agir de concert, institution, citoyen et producteur mais nous, on est pas du genre à attendre après des organisations ou à avoir un discours culpabilisant !
C’est là que nous retrouvons toutes les valeurs de Bhallot, faire, quoi qu’il arrive. Toujours innover (technique & usage) pour faire bouger les lignes. On veut prouver qu’à petite échelle et avec votre aide on peut proposer autre chose. Ca été fait à la base, avec la création du lin huilé, techniquement ce tissu est très résistant et nécessite aucune pétrochimie, ce qui nous permet d’éviter une étape (d’ennoblissement) qui nous limiterait à cause des quantités minimum.
Ensuite, cela fait maintenant plusieurs années que l’on a supprimé les intermédiaires entre vous et nous en prenant en charge la fabrication et la distribution des produits. Ce qui nous permet de vous proposer des produits directement sortis d’atelier et qui sont 2 à 3 fois moins cher !
Bref, on agît concrètement pour que des fibres naturelles françaises soit le socle d’une profonde transformation.
Mais on compte pas s’arrêter là, ça fait plusieurs mois que l’on vous prépare une sortie de collection qui sera différentes mais dans la continuité.